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“Serafico carissimo. Hier j’ai eu le livre de Boni…”

Lettere di Marie Thurn und Taxis a Rainer Maria Rilke
Segnatura: 207
Data completa: 1926 gen. 21
Descrizione: Briefwechsel: n. 440
Trascrizione: Serafico carissimo - Hier j’ai lu le livre de Boni - aujourd’hui votre bonne lettre - et comme je suis ce soir tranquillement et solitairement à la maison, j’en profite pour vous remercier et vous répondre tout de suite. Car aujourd’hui j’ai eu un petit intermezzo qui vous aurait ravi. On donnait au Teatro di Marcello au concert - canto e liuto - des airs anciens, et nous y allions Lori et moi - la petite particulièrement jolie avec un chaperon de velours aigue marine sur ses bouclettes d'or roux. On arrive à une place irrégulière dans un des quartiers pauvres de la ville où s’élève l’énorme et sombre architecture de la Rome ancienne, dont plus tard les Frangipani et les Orsini s’étaient emparés. En l’honneur du concert je crois, la placette était bondée de monde, je dus faire arrêter l’auto un peu loin en arrière et il fallait traverser une foule - des femmes surtout - toutes des femmes du peuple, des enfants criant et riant à qui mieux mieux. Je sortis d’abord de l’auto, mais quand Lori me suivit, une grosse commère en cheveux se mit à crier en levant les mains au ciel: O Signorina bella! et là dessus, de tous côtés, un chœur d’exclamations: O bella, bellissima! benedetta tu! benedetta la tua mamma! - Lori au lieu de rougir et de baisser les yeux comme ç’aurait été le devoir de toute petite oie bien élevée - évidemment - se mit à rire de toutes ses dents blanches et s’engouffra après moi dans le ténébreux portail où quelques lumignons posés par ci par là laissaient entrevoir un escalier très raide, qui montait qui descendait comme s’il ne savait plus son chemin entre ces murailles de pierres énormes, par ce froid glacial et sous ces voûtes lointaines noyées d’ombre. La construction romaine reparaissait partout malgré les adaptations moyen­âgeuses. Enfin voici la petite salle, aux murs également de pierres énormes et qu’éclairaient mal trois grandes lanternes suspendues à la voûte. On se serait dit dans une catacombe - Une centaine de personnes étaient là, attendant avec patience la chanteuse qui vint naturellement avec trois quart d’heures de retard - Mais puis elle chanta - je vous envoie le programme - ah Serafico que c’était bizarre et délicieux dans cet ambiente unique, entre ces murs qui jadis avaient vu Auguste et Tibère, qui avaient abrité plus tard les «fils de l’ourse» ... Cette jeune femme commença par une chanson en provençal de 1200 - une des choses les plus ravissantes que j’aie jamais entendues - d’une indicible et délicieuse mélancolie ... Sie wissen wie ich Musik empfinde - es war in diesem wunderbaren milieu eine unbeschreibliche Stimmung - ich bin noch ganz im Banne - und mußte Ihnen gleich schreiben - Ihnen dem musikalischesten Menschen den ich kenne - denn irgendwie fühlte ich den Rhythmus des provençalischen: Liedes, Ihnen, Serafico, so nahe verwandt und mußte fort an Sie denken - und bedauern Sie nicht mit zu haben! 28 -1 (Donnerstag) Erst heute komme ich dazu weiter zu schreiben - ich habe mich / wahrscheinlich in der «wunderbaren Stimmung» / stark verkühlt und muß ein paar Tage zu Hause bleiben. Heute habe ich eine mich sehr betrübende Nachricht erhalten - die arme Fanny Czernin ist gestorben - wie schnell ist sie ihrem Manne nachgefolgt! Diese Ménage von lieben guten Menschen, jedenfalls zu den werthvollsten Freunden die ich in Wien hatte, gehörend, wird mir so sehr fehlen - Ich sehe noch den guten Gfen Eugene, mit einem Band Gedichten von Ihnen unterm Arm, mich beschimpfend weil er das eine oder das andere nicht verstand - «Ô temps! mais que tout cela est passé» Ich bin tief drinnen in «Albertine disparue» - wie seicht kommen einem die sogenannten Psychologen, Paul Bourget etc, vor, wenn man in diese Unendlichkeit des Seelenlebens untertaucht - Serafico ich bin sehr unzufrieden daß Sie meinen «paysan du Danube» verachten et comme j’ai l’esprit symbolique et porté sans cesse aux images (même parfois saugrenues) j’ai vu un collier d’ambre magnifique avec dans l’or clair de la matière précieuse la petite mouche noire qui prouve son authenticité - ceci en lisant et en me tordant de rire à propos des «débats dans la bouteille». Mais vous avez tort. Les médecins ordinaires sans ombre de science mystérieuse, ne sont rien pour vous. Car vous, Serafico vous êtes d’essence magique, et c’est à la magie que vous devez demander la force occulte qui correspond à ce qu‘il y a de plus profond et de plus puissant en vous. L’autre jour j’étais chez la Csse Fersen (sœur d’Olga Dietrichstein) et elle m’a raconté à propos de Rasputin (qu’elle n’a pas connu du reste) et des paysans guérisseurs des villages russes, des choses si étranges - des choses qu’elle a vues - Je veux vous en écrire plus tard, plus en détails, je crois que cela devrait vous intéresser - mais il faut que je m’arrête pour aujourd’hui, Serafico carissimo - avec mille et mille bons souvenirs. MT
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